Kamikochi

Intro

Départ à 22h50 de la gare de Kyoto avec un bus de nuit. La nuit est courte puisqu’il faut 6h30 pour rejoindre la gare routière de Kamikouchi : on débarque à 5h20 dans un froid glacial. Entre l’obscurité et le brouillard, rien n’existe à plus de 50m. À 6h, je prends un petit-déjeuner à la caféteria qui vient d’ouvrir, puis je dépose une partie de mes affaires à la bagagerie. Il est temps de se mettre en marche.

Jour 1 – Mont Nishihodoppyo

+1300m / -1300m / 15km

Le brouillard se dissipe un peu avec les premiers rayons du soleil et j’aperçois enfin les montagnes environnantes. Je longe la rivière vers le sud un moment pour monter le mont Yake. Mais le chemin qui bifurque vers la pente est barré. D’après le panneau explicatif, l’accès au mont n’est pas ouvert car il manque des échelles sur la fin de l’ascension. Je fais demi-tour et remonte un peu la vallée. Je prends un autre embranchement cette fois vers le mont Nishihotaka.

C’est très raide, et le chemin n’est pratiquement qu’une succession de marches : en rondins, en pierres, en racines, en planches… Je croise quelques singes sauvages et double quelques randonneurs.

Arrivé au col, je discute avec un autre randonneur (Sato). Il me dit que le chemin jusqu’au mont Nishihokata est “difficile”, et que lui s’arrêtera un peu avant sur la crête, au mont Nishihodoppyo. On est en plein dans un nuage et il commence à neiger, je me dis que je vais faire la même chose que lui. Sato part devant. Je suis maintenant sorti de la forêt mais pas du nuage, je ne vois rien. Où est le sommet ? J’ai l’impression que le chemin de crête n’a pas de fin et je songe à renoncer. Mais je distingue le protège sac fluo de Sato un peu plus loin, je continue…

Le pic est enfin en vue. C’est un peu de l’escalade, il faut mettre les mains et faire attention car une fine couche de neige recouvre les rochers. Je retrouve Sato au sommet, je savoure. La vue est complètement bouchée, mais le vent se calme un peu. On est rejoint quelques minutes après par une randonneuse croisée juste avant. On est 3 sur ce petit bout de rocher, seuls au monde. On prend des photos et on échange quelques mots. Puis on entame le retour ensemble. On s’arrête dans un refuge en lisière de forêt pour déjeuner. Au moment de repartir Sato prolonge sa pause pour fumer, on continue donc à deux. La neige se transforme rapidement en pluie et les marches deviennent glissantes.

Arrivés dans la vallée, on retourne à la gare routière en profitant des belles couleurs avant que nos chemins se séparent. Je repasse à la bagerie récupérer mes affaires et part pour le gîte Myojinkan à 3km de là. Le soleil est revenu.

Jour 2 – Mont Choga

+1250m / -1250m / 17km

Je pars vers le Mont Choga sur les conseils du gérant du gîte. Il y a d’abord 3km en fond de vallée, puis j’attaque une montée assez agrèable en forêt. Il fait bon, mais ça se rafraîchit sur les hauteurs. La neige tombée les jours précédents est toujours là par endroit, et je croise une mare prise dans la glace. Je sors de la forêt et je distingue le sommet.

En arrivant, je suis récompensé par un panorama à 360° et une mer de nuages. Je descends un peu sur la crête de l’autre côté du sommet vers un refuge et une table d’orientation. Je mange à côté devant le paysage. Un nuage ne tarde pas venir et la vue se dégrade rapidement. Avant de repartir, je rentre dans le refuge pour un thé chaud et une pâtisserie.

Le temps se dégage en revenant dans la vallée.

Jour 3 – Mont Kasumizawa (pic K1)

+1380m / -1380m / 15km

Aujourd’hui mon hôte me conseille d’aller au col Tokugo. Pas besoin de marcher dans la vallée, la montée commence juste à côté. Le chemin est facile mais il est à l’ombre. Il est encore tôt quand j’arrive au col, donc je prends le chemin de crête à droite vers le “pic de jonction”. Le chemin est moins bien entretenu mais c’est pratiquable, et surtout il y a quelques passages au soleil. Il n’est que 10h30 quand j’arrive au pic.

Une petite pause et je continue le chemin de crête vers le mont Kasumizawa puisque j’ai le temps. D’abord en descente, puis en montée, puis en déscente, etc.. je fais le yoyo sur la crête pendant 1h30. Le chemin se dégrade au fur et à mesure que j’avance. La fin est exécrable, avec des murs de rochers ou de boue à franchir. La végétation a repris sa place par endroit et je bataille avec des buissons ou des branches basses. Le pire arrive à la fin, lorsque je dois progresser sur un escalier de rondins et de pierres ultra raide et complètement défoncé, le tout sous une fine couche de neige et de glace. Des bouts de corde fixés en amont font office de main courante. Quel régal ! Je n’ai croisé absolument personne depuis mon départ du gîte, je me sens bien seul dans cette galère, et pas très rassuré. Quelques traces de pas dans la neige indiquent que d’autres sont passés ici, c’est toujours ça.

J’arrive enfin au sommet, et heureusement la vue est dégagée. Je fais une pause rapide et prends le chemin du retour. Le second pic (K2) n’est pas très loin, mais j’ai perdu pas mal de temps, et la perspective de refaire tout le trajet en sens inverse ne m’enchante guère. Et c’est effectivement très pénible. La déscente dans la neige/glace est un test de foi dans mes bâtons de randonnée et les semelles de mes chaussures. Les murs de l’aller sont par contre plus facile à négocier dans ce sens.

Je repasse par le “pic de jonction” et je suis enfin soulagé. Je sais que le reste est facile. Je fais une pause rapide, et je repars confiant. J’expédie les -900m / 4km restants en 1h20.

Jour 4 – Vallée

C’est le jour de repos. Je suis quand même dehors à 5h30 avec une autre pensionnaire pour voir le lever du jour et visiter l’étang de Myojin à 6h. La brume sur l’eau mirroitante donne une ambiance très particulière.

Après le petit déjeuner, je pars dans la vallée vers le pont Kappa. Il fait beau, les feuillages sont éclatants. C’est tellement agréable ! Déjeuner au restaurant du camping, puis je pars faire le tour de l’étang Taisho.

Jour 5 – Takayama

Je quitte le gîte vers 8h et je prends le bus de 9h à la gare routière.

J’arrive à Takayama deux heures plus tard et après avoir changé de bus à l’onsen Hirayu. Je vide mon sac dans un casier et je pars pour le village traditionnel d’Hida. Je déjeune en route au hasard et je goûte le “hoba miso” (miso grillé sur une feuille de magnolia), excellent ! Je pensais que le village d’Hida était un quartier historique, mais c’est plutôt un musée, une sorte d’attraction. Je fais un tour rapide et je reviens vers le centre. Je me ballade dans quelques rues et je reviens doucement vers la gare. Je récupère mes affaires et je monte dans un train confortable à 15h30. J’arrive à Kyoto 4h après.

Myojinkan

Un mot sur le gîte, où j’ai été très bien accueilli. Les repas étaient bons, et le bain chaud en rentrant de randonnée était juste parfait. C’était sympa de discuter en japonais avec l’équipe ou les pensionnaires (et en anglais avec certains !).

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